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Un ciel lourd que la
nuit bien avant l'heure assiege,
Un fleuve, bloc de
glace et que l'hiver ternit —
Et des filets de
poussiere de neige
Tourbillonnent sur
des quais de granit…
5 La mer se ferme enfin… Le monde recule,
Le monde des
vivants, orageux, tourmente…
Et, bercee aux
lueurs d'un vague crepuscule,
Le pole attire a lui
sa fidele cite…
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Lamartine
La lyre d'Apollon,
cet oracle des dieux,
N 'est plus entre
ses mains que la harpe d'Eolef
Et sa pensee — un
reve aile, melodieux
Qui flotte dans les
airs berce par sa parole.
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Comme en aimant le
coeur devient pusillanime,
Que de tristesse au
fond et d'angoisse et d'effroi!
Je dis au temps qui fuit:
arrete, arrete-toi,
Car le moment qui
vient pourrait comme un abime
5 S'ouvrir entre elle et moi.
C'est la l'affreux
souci, la terreur implacable,
Qui pese lourdement
sur mon coeur oppresse.
J'ai trop vecu, trop
de passe m'accable,
Que du moins son
amour ne soit pas du passe.
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Vous, dont on voit
briller, dans les nuits azurees,
L'eclat immacule, le
divin element,
Etoiles, gloire a
vous! Splendeurs toujours sacrees!
Gloire a vous qui
durez incorruptiblement!
5 L'homme, race ephemere et qui vit sous la nue,
Qu'un seul et meme
instant voit naitre et defleurir,
Passe, les yeux au
ciel. — Il passe et vous salue!
C'est l'immortel
salut de ceux qui vont mourir.
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