* * *
Que l'homme est peu
reel, qu'aisement il s'efface! —
Present, si peu de
chose, et rien quand il est loin.
Sa presence, ce
n'est qu'un point, —
Et son absence —
tout l'espace.
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Un reve
"Quel don lui
faire au declin de l'annee?
Le vent d'hiver a
brule le gazon,
La fleur n'est plus
et la feuille est fanee,
Rieh de vivant dans
la morte saison…"
5 Et consultant d'une main bien-aimee
De votre herbier
maint doux et cher feuillet,
Vous reveillez dans
sa couche embaumee
Tout un Passe
d'amour qui sommeillait…
Tout un Passe de
jeunesse et de vie,
10 Tout un Passe qui ne peut s'oublier…
Et dont la cendre un
moment recueillie
Reluit encore dans
ce fidele herbier…
Vous y cherchez
quelque debris de tige —
Et tout a coup vous
y trouvez deux fleurs…
15 Et dans ma main par un secret prodige
Vous les voyez
reprendre leurs couleurs.
C'etaient deux
fleurs: l'une et l'autre etait belle,
D'un rouge vif, d'un
eclat peu commun…
La rose brille et
l'oeillet etincelle,
20 Tous deux baignes de flamme et de parfum…
Et maintenant de ce
mystere etrange
Vous voudriez
reconnaitre le sens…
Pourquoi faut-il
vous l'expliquer, cher ange?..
Vous insistez. Eh
bien soit, j'y consens.
25 Lorsqu'une fleur, ce frele et doux prestige,
Perd ses couleurs,
languit et se fletrit,
Que du brasier on
approche sa tige,
La pauvre fleur
aussitot refleurit…
Et c'est ainsi que
toujours s'accomplissent
30 Au jour fatal et reves et destins…
Quand dans nos
coeurs les souvenirs palissent,
La Mort les fait
refleurir dans ses mains…
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